Pendant longtemps j'ai dit ou écrit que je "voulais faire entrer la lumière dans ma peinture".

Ce qui est vrai.
La formule est peut-être pompeuse, mais elle correspond à ce que je veux exprimer. 

Je voulais que la lumière pénètre dans la matière, dans la couche de peinture, et que la couleur se gorge de cette lumière. Pour obtenir comme une source de lumière intrinsèque. Pour que la matière colorée, que la couleur devienne elle-même cette source de lumière. 

J'ai essayé, trituré, torturé des vernis de toutes sortes, des produits de toute nature sans obtenir le résultat recherché.

Et, d'expérimentation en déception, c'est le hasard qui m'a fait rencontrer la "gomme laque", au départ pour un usage tout autre d'ailleurs.
Et l'alchimie est née. 

La Gomme-Laque est une gomme naturelle, d'origine animale, sécrétée par une variété de cochenille en Asie. 

Patiemment, après avoir préparé ma surface, j'applique autant de couches qu'il le faut jusqu'à obtenir la couleur recherchée. Ou l'effet.

Pour la plupart de mes tableaux, j'ai posé jusqu'à 30 couches de gomme-laque préparée selon l'effet recherché, ce qui demande entre 6 mois et 1 an de réalisation.

Et patiemment, de semaine en semaine, je vois l’œuvre naître. Cette lente naissance est un dialogue ininterrompu entre la surface du tableau, l'idée que j'avais imaginée au départ et l'inspiration qui vient et prend forme petit à petit.  

Pour ce qui est des supports, tout m'inspire.
Venant de l'aquarelle, j'ai une prédilection, une passion, pour le papier.

C'est une matière vivante, d'une extraordinaire richesse pour ce qui est du rendu final, des effets possibles.
Mais les toiles m'apportent d'autres possibilités. Ainsi que le bois, pour ne pas dire les bois. 

Et depuis six ans maintenant, mon inspiration n'est pas encore comblée, assouvie. En cherchant cette propriété pour ma peinture, cette troisième dimension, j'ai trouvé tout un monde de sensations, d'opulence. Car la gomme laque confère à la matière obtenue un côté somptueux, princier. Ce n'est pas une matière ordinaire.
Ses propriétés plastiques et techniques m'ont petit à petit ouvert les portes d'autres recherches, d'autres directions : le travail sur les formes simples, mais puissantes par l'impression qu'elles produisent sur nous par exemple. Ou encore l'alliance des sensations dans un même espace, le châssis.
Elle a réveillé ma créativité.